Les diarrhées
Les diarrhées sont la conséquence d’une perturbation du transit digestif. Ce motif de consultation est fréquent. Leurs origines sont variées. Chez le lapin de compagnie, on rencontre fréquemment des entérites de sevrage, des entérotoxémies et le syndrome des selles molles. Les diarrhées peuvent également résulter d’une infection bactérienne, virale ou d’une infestation parasitaire.
LES ENTERITES LIEES UN DESEQUILIBRE DE LA FLORE DIGESTIVE.
La flore digestive peut être déséquilibrée sous l’action du stress, en cas de déséquilibre alimentaire ou chez les jeunes lapins au moment du sevrage.
L’ENTERITE COLLIBACILAIRE DE SEVRAGE.
Le sevrage est un moment stressant pour les jeunes lapins, qui changent d’alimentation, font l’objet de transports, arrivent en animalerie Le stress est responsable d’une modification du pH au sein du caecum et d’une rupture de l’équilibre des acides gras volatiles. Ceci provoque une perturbation de la flore digestive caecale. Les collibacilles normalement présents au nombre de 1000 à 10 000 par gramme de contenu fécal se multiplient. Ils peuvent alors atteindre 100 millions!
Les lapins malades sont abattus, déshydratés, avec une diarrhée très liquide. La mort survient souvent rapidement, en 24 heures. Cette affection est grave est nécessite une hospitalisation chez votre vétérinaire. Le lapin doit être réhydraté, réchauffé. Un traitement antibiotique sera mis en place, associé éventuellement à un antidiarrhéique. En prévention, il est utile d’acidifier le contenu digestif, grâce à la préparation d’une eau enrichie de vinaigre. Il est conseillé d’ajouter une cuillère à café pour un litre d’eau. L’alimentation doit être riche en fibres pour stimuler le transit, et pauvre en glucose.
L’ENTEROPATHIE MUCOÏDE.
Cette affection s’observe surtout chez de jeunes animaux (2 à 3 mois) et est probablement liée au stress ou à des changements alimentaires brutaux. Ceci perturbe le transit et il semble que la maladie se développe suite à une acidification du contenu ceacal. Lorsque le pH descend en dessous de 5,5 (normalement il est de 5,9 chez le jeune), certaines bactéries comme les clostridium apparaissent. Les animaux atteints sont abattus et présentent une diarrhée avec beaucoup de mucus. Le traitement est identique à celui décrit ci-dessus.
L’ENTEROTOXEMIE.
Cette maladie s’observe chez les jeunes au sevrage mais aussi chez les adultes. Elle est la conséquence d’un déséquilibre alimentaire, d’un stress ou d’un refroidissement consécutif à l’exposition à des courants d’air. Enfin, certains antibiotiques en sont aussi responsables. Elle résulte de la prolifération de bactéries : Clostridium perfringens. Les lapins meurent très rapidement, parfois en quelques heures. Le traitement est identique à celui des entérites de sevrage mais le pronostic est réservé.
LES ENTERITES BACTERIENNES.
Les colibacilloses sont essentiellement rencontrées dans les élevages et résultent de la prolifération d’Escherichia coli. Les clostridioses, quant à elles, résultent souvent d’une antibiothérapie mal adaptée. Celle-ci peut détruire une partie de la flore digestive (les germes Gram positif), ce qui crée un vide, comblé par des Clostridium producteurs de toxines. Elles entraînent un mort rapide. Clostridium piliforme est responsable d’une autre maladie : la maladie de Tyzzer. Cette maladie touche surtout les jeunes ou les adultes affaiblis. Elle se traduit par des diarrhées, de la déshydratation, de l’anorexie suivies de la mort le plus souvent.
Les lapins sont également sensibles aux salmonelles. Or c’est une zoonose (maladie qui se transmet à l’homme) grave qui touche surtout les enfants en bas âge. Les animaux se contaminent par de l’eau ou des aliments souillés ou par contact avec des animaux porteurs (attention aux oiseaux et rongeurs qui peuvent être porteurs sains). Les symptômes sont essentiellement des entérites ou des avortements.
LES ENTERITES VIRALES.
Les Coronavirus et les Rotavirus sont fréquents mais pas toujours pathogènes. Beaucoup d’animaux sont porteurs sains. Les Parvovirus sont en revanche responsables de diarrhées fulgurantes.
LES ENTERITES PARASITAIRES.
Un amaigrissement sans raison apparente doit faire penser à une infestation parasitaire.
Les coccidioses sont dues à des coccidies du genre Emeria. Toutes ne provoquent pas de troubles digestifs. Parfois, une diarrhée chronique et intermittente est observée, ainsi qu’une perte de poids ou une anorexie. Cette maladie est rarement mortelle. Le traitement fera appel à des antibiotiques.
Des helminthes avec les oxyures ou plus rarement les trichures peuvent provoquer des diarrhées et leur traitement fait appel à une vermifugation. Enfin, citons l’infestation possible des lapins par des protozoaires et des cysticerques (le lapin peut héberger les formes larvaires du teania du chien). Le lapin se contamine souvent en mangeant des végétaux souillés par des excréments. Pour limiter l’infestation parasitaire, il convient de vermifuger les autres animaux de la maison et d’éviter tout contact entre le lapin et leurs déjections.
Le traitement symptomatique doit être mis en place rapidement et peut nécessiter une hospitalisation. La première mesure est la réhydratation de l’animal et sa mise à la diète. La diète durera 24 à 48 heures. Le lapin ne pouvant pas vomir, l’eau sera laissée à disposition. Ensuite, pendant toute la durée du traitement, la ration proposée sera fortement diminuée par rapport à l’alimentation classique. On ajoutera une réhydratation sous-cutanée ou intraveineuse. Des pansements digestifs permettent de lutter contre les toxines et les bactéries du caecum. Enfin, des compléments alimentaires sources de ferments lactiques peuvent aider à maîtriser la diarrhée. Des antibiotiques, des antiparasitaires permettent de lutter contre l’agent responsable de la maladie.
Les affections digestives du lapin pourraient donc être en grande partie évitées grâce à une alimentation équilibrée et en limitant le stress. D’autre part, le lapin doit être vermifugé régulièrement.